Maîtrisez l'acte de cession de fonds de commerce ! Découvrez les clauses incontournables et comprenez leurs effets juridiques pour sécuriser pleinement votre transaction.
L'Acte de Cession du Fonds de Commerce : Mentions Obligatoires et Conséquences Juridiques
La cession d’un fonds de commerce est une opération juridique essentielle pour tout commerçant souhaitant transmettre son activité. Elle nécessite un acte de cession respectant des mentions obligatoires strictes, dont l’omission peut entraîner de lourdes conséquences juridiques pour les parties. La connaissance approfondie des mentions obligatoires et des conséquences juridiques d'un acte de cession de fonds de commerce est indispensable pour garantir la sécurité juridique des transactions, protéger les droits et intérêts de toutes les parties impliquées, et assurer une transition fluide et légale de la propriété du fonds.
Cet article revient sur les informations indispensables à intégrer dans l’acte ainsi que sur les effets juridiques de la cession, en se basant sur les dispositions de l'Acte Uniforme de l'OHADA relatif au Droit Commercial Général.
I. Comprendre le Fonds de Commerce et l'Intérêt de sa Cession
1. Définition et Composition du Fonds de Commerce
Définition légale : Le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au commerçant d'attirer et de conserver une clientèle.Éléments essentiels : Le fonds de commerce comprend nécessairement la clientèle et l'enseigne ou la clientèle et le nom commercial, sans préjudice de leur cumul.
Éléments facultatifs (corporels et incorporels) : Le fonds de commerce peut comprendre différents éléments mobiliers, corporels et incorporels, notamment : les installations , les aménagements et agencements , le matériel , le mobilier , les marchandises en stock , le droit au bail , les licences d'exploitation , ainsi que les brevets d'inventions, marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de propriété intellectuelle nécessaires à l'exploitation.
II. Les Mentions Obligatoires de l'Acte de Cession : Garant de sa Validité
Conformément à l'article 150 de l'AUDCG, l'acte constatant la cession d'un fonds de commerce est soumis à des exigences strictes concernant les informations qu'il doit contenir, ces mentions étant essentielles pour assurer sa validité et la sécurité juridique de la transaction.1. L’Identification Précise des Parties
Pour les personnes physiques : L'acte doit clairement indiquer l'état civil complet du vendeur et de l'acheteur.Pour les personnes morales : L'acte doit mentionner leur nom, leur dénomination sociale, leur forme juridique et l'adresse de leur siège.
2. Les Informations Essentielles sur l'Activité et l'Immatriculation
Les activités exercées : L'acte doit spécifier la ou les activités exercées par le vendeur et l'acheteur.Les numéros d'immatriculation : Les numéros d'immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) du vendeur et de l'acheteur doivent figurer dans l'acte.
3. Les Détails Financiers et Juridiques du Fonds
L’origine du fonds : L'acte doit, s'il y a lieu, énoncer l'origine du fonds au regard du titulaire qui a précédé le vendeur.Les charges grevant le fonds : Il est obligatoire de faire l'état des privilèges, nantissements et inscriptions grevant le fonds.
Le chiffre d'affaires : L'acte doit indiquer le chiffre d'affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières années d'exploitation, ou depuis son acquisition si le fonds n'a pas été exploité depuis plus de trois ans.
Les résultats commerciaux : Les résultats commerciaux réalisés pendant la même période doivent également être mentionnés.
Le Bail Commercial : Le bail doit être annexé à l'acte de cession. L’acte doit indiquer la date et la durée du bail, ainsi que le nom et l'adresse du bailleur et, le cas échéant, du cédant.
4. Le Prix et les Modalités de Paiement
Le prix convenu : L'acte doit clairement énoncer le prix convenu pour la cession du fonds. De plus, la situation et les éléments précis du fonds vendu doivent être détaillés.Le rôle du séquestre : En cas de vente par acte sous seing privé, le nom et l'adresse du notaire ou de l'établissement bancaire désigné en qualité de séquestre doivent être spécifiés.
III. Les Conséquences Juridiques d'un Acte de Cession Non Conforme
L'absence de conformité de l'acte de cession d'un fonds de commerce aux exigences légales entraîne des conséquences juridiques significatives.1. La Nullité de la Vente : Sanction Principale
Conditions de la nullité : L'omission ou l'inexactitude des mentions requises peut entraîner la nullité de la vente. Cette nullité est prononcée si l'acquéreur le demande et prouve que cette omission ou inexactitude a substantiellement affecté la consistance du fonds cédé et qu'il en subit un préjudice.Délai d'action : La demande en nullité doit être formée dans un délai d'un an à compter de la date de l'acte.
2. L'Inopposabilité aux Tiers et ses Risques
Le principe de l'opposabilité : Une personne assujettie à l'immatriculation au RCCM ne peut opposer aux tiers et aux administrations publiques les faits et actes sujets à transcription ou mention que si ces derniers ont été publiés au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.Les risques en l'absence de publicité : Les tiers peuvent ignorer la cession si celle-ci n'a pas été dûment publiée, ce qui la rend inopposable à leur égard. Par exemple, les créanciers du vendeur qui ont une inscription sur le fonds peuvent faire valoir leurs droits comme si la cession n'avait pas eu lieu.
3. La Responsabilité des Parties
La responsabilité du vendeur : Le vendeur doit garantir l'acquéreur contre les troubles de jouissance (éviction) et s'abstenir de tout comportement qui serait de nature à gêner l'acquéreur dans l'exploitation du fonds vendu.La responsabilité de l'acquéreur : L'acquéreur est tenu, à sa diligence, de faire publier l'acte de cession dans un journal d'annonces légales. Les deux parties sont responsables de faire procéder à la mention modificative correspondante au RCCM.
4. Les Sanctions Pénales et Civiles
Fraude et dissimulation du prix : Est nulle et de nul effet toute contre-lettre ou convention ayant pour objet ou pour effet de dissimuler tout ou partie du prix de cession du fonds de commerce.Sanctions pénales : Toute personne tenue d'accomplir une formalité prescrite par l'AUDCG et qui s'en abstient ou l'effectue par fraude est punie des peines prévues par la loi pénale nationale.
IV. Le Processus de Publicité et ses Enjeux
La publicité de l'acte de cession est une étape cruciale pour sa pleine efficacité juridique.1. Le Dépôt et l’Enregistrement au RCCM
Obligation de dépôt : Tout acte constatant une cession de fonds de commerce doit être déposé en une copie certifiée conforme par le vendeur ou l'acquéreur au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.Mention modificative : Il appartient au vendeur et à l'acquéreur, chacun en ce qui le concerne, de faire procéder à la mention modificative correspondante au RCCM.
2. La Publication dans un Journal d'Annonces Légales
Délai et diligence : Dans un délai de quinze jours francs à compter de sa date, l'acte de cession doit être publié, à la diligence de l'acquéreur, sous forme d'avis dans un journal habilité à publier les annonces légales dans le lieu où le vendeur est inscrit au RCCM.3. Le Rôle du Séquestre et l'Opposition des Créanciers
Rôle du séquestre : L'acheteur doit payer le prix entre les mains du séquestre désigné à l'acte (notaire ou établissement bancaire). Le séquestre doit conserver les fonds pendant un délai de trente jours à compter de la parution de la vente dans le journal d'annonces légales.Droit d'opposition des créanciers : Tout créancier du vendeur peut former opposition à la distribution du prix. Cette opposition doit être notifiée par acte d'huissier ou tout moyen équivalent au séquestre, à l'acquéreur, et au greffe du RCCM pour inscription.
Conséquences de l'opposition : L'opposition a un effet conservatoire. Le prix de vente n'est alors disponible pour le vendeur qu'après la justification de la mainlevée de toutes les oppositions. Le vendeur peut obtenir cette mainlevée en justice en offrant un cautionnement ou une garantie équivalente au montant de la créance. L'opposition non suivie d'une action en justice dans le mois de sa notification est nulle de plein droit.
Ainsi prend fin cet article sur les actes de cession de fond de commerce et leur différents effets, d'Andréa TANON, juriste.
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