Produit défectueux ou service non conforme : Le guide pour obtenir réparation - Ivoire-Juriste
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Produit défectueux ou service non conforme : Le guide pour obtenir réparation
Produit défectueux ou service non conforme  Le guide pour obtenir réparation

Votre nouvel appareil est déjà en panne ?  Ne vous laissez pas faire ! La loi ivoirienne vous offre 3 garanties solides. Découvrez les étapes exactes pour obtenir réparation ou remboursement.

Votre Achat est Défectueux ? Connaissez Vos Droits de Consommateur en Côte d'Ivoire

L’achat d’un bien ou la souscription à un service engage le consommateur dans une relation contractuelle où la confiance et la loyauté doivent primer. Cependant, il arrive que le produit livré soit défectueux ou que le service fourni soit non conforme à la promesse initiale.
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Pour remédier à ces situations, le législateur ivoirien a institué des mécanismes juridiques destinés à garantir le respect des engagements contractuels et la protection du consommateur1.

Ce guide vise à présenter de façon claire et structurée les droits du consommateur ivoirien ainsi que les procédures à suivre pour obtenir réparation, qu’il s’agisse d’une solution amiable ou judiciaire.

I. Les Garanties Prévues par la Loi

En tant que consommateur, vous bénéficiez de protections qu’il est essentiel de connaître pour les faire valoir.

A. La Garantie légale de conformité : Le Droit à un produit conforme

Cette garantie oblige le professionnel à livrer un bien conforme au contrat. Pour être jugé conforme, le bien doit:

Être propre à l'usage habituellement attendu d'un produit similaire.
Présenter, le cas échéant, les caractéristiques définies d'un commun accord entre vous et le vendeur5.

Le vendeur est responsable des défauts de conformité qui existent au moment de la livraison6. Cette responsabilité s'étend également aux défauts résultant de l'emballage, des instructions de montage ou de l'installation si celle-ci a été réalisée par le vendeur ou sous sa responsabilité.

De plus, la loi impose que dès leur première mise sur le marché, les produits répondent aux prescriptions en vigueur relatives à la sécurité et à la santé des personnes, ainsi qu'à la protection des consommateurs.

En cas de défaut de conformité, vous pouvez demander, au choix, la réparation ou le remplacement du bien. Si ces options sont impossibles, un remboursement peut être envisagé.

B. La Garantie contre les vices cachés : Se protéger des défauts non apparents

Cette garantie, issue du droit commun, protège le consommateur contre les défauts qui n'étaient pas visibles au moment de l'achat et qui rendent le produit inutilisable ou en diminuent fortement l'usage.

Trois conditions doivent être réunies :

Le défaut doit être caché, c'est-à-dire non apparent lors de l'achat.
Le défaut doit rendre le bien impropre à l'usage auquel on le destine, ou diminuer cet usage à tel point que vous ne l'auriez pas acheté, ou à un prix moindre, si vous l'aviez connu.
Le défaut doit être antérieur à la vente.

Lorsque ces conditions sont réunies, l’acheteur dispose de deux recours possibles. Il peut exercer l’action rédhibitoire, qui consiste à restituer le produit au vendeur afin d’obtenir le remboursement intégral du prix payé. 

À l’inverse, il peut choisir l’action estimatoire, qui lui permet de conserver le produit tout en réclamant une réduction du prix, dont le montant sera déterminé par des experts en fonction de la gravité du défaut constaté.

Le vendeur est responsable des vices cachés affectant le produit, même s’il n’en avait pas connaissance au moment de la vente. 

Toutefois, s’il s’avère qu’il connaissait l’existence du défaut — c’est-à-dire qu’il était de mauvaise foi — il doit non seulement restituer le prix payé, mais également indemniser l’acheteur pour l’ensemble des dommages subis. Par ailleurs, l’acheteur doit agir dans un bref délai après la découverte du vice, ce délai variant selon la nature du défaut et les usages locaux.

C. La Garantie commerciale (ou contractuelle) : un "plus" offert par le vendeur

La garantie commerciale est une garantie supplémentaire, proposée par le vendeur ou le fabricant. Elle ne remplace pas les garanties légales, mais vient s’y ajouter. Il s’agit d’un engagement contractuel par lequel le professionnel s’engage à rembourser le prix d’achat, à remplacer ou à réparer le bien, en plus de ses obligations légales visant à garantir la conformité du bien. Cette garantie doit faire l’objet d’un contrat écrit, dont un exemplaire est remis à l’acheteur.

Enfin, toute période d’immobilisation du bien d’au moins sept jours pour une réparation couverte par la garantie vient s'ajouter à la durée de la garantie qui restait à courir.

II. Les étapes pour faire valoir ses droits

Avant d'envisager une action en justice, une démarche progressive est recommandée.

Étape 1 : La Réclamation Amiable

Contacter le vendeur : Il convient de se rendre en magasin ou de contacter le service client par téléphone ou e-mail.
 
Présenter les preuves : Il est nécessaire de se munir de la facture, du ticket de caisse, du bon de garantie, et si possible, de photos ou vidéos du défaut.
 
Expliquer clairement le problème : Il faut décrire le défaut de conformité ou le vice caché et préciser la solution attendue (réparation, remplacement, remboursement) en se fondant sur les garanties légales.
Conserver une trace écrite : Il est conseillé de confirmer la démarche par un e-mail ou un courrier simple résumant la situation et la demande.

Étape 2 : La Mise en Demeure

Si la tentative amiable n'aboutit pas, il est nécessaire de passer à une étape plus formelle. La mise en demeure est un acte qui constate officiellement le manquement du professionnel à ses obligations et le somme d'agir. Elle est l'acte par lequel le débiteur est formellement constitué en retard d'exécuter son obligation.

L'envoi d'une lettre recommandée avec accusé de réception est requis. Ce formalisme est crucial pour prouver que le professionnel a bien été averti.

Contenu de la lettre :

Indiquer clairement la mention "Mise en demeure".

Rappeler les faits (date d'achat, nature du produit, apparition du défaut).

Citer le fondement du droit (garantie légale de conformité ou garantie des vices cachés).

Formuler précisément la demande (par exemple : "je vous mets en demeure de remplacer le produit sous huitaine").

Mentionner qu'à défaut de réponse satisfaisante dans le délai imparti, la juridiction compétente sera saisie.

III. En Cas de Blocage : Les Recours Possibles

Si le professionnel refuse d'obtempérer après la mise en demeure, d'autres solutions peuvent être envisagées.

A. Le Rôle des Associations de Consommateurs Agréées

Les associations de consommateurs jouent un rôle essentiel dans la défense des droits et la protection des intérêts des consommateurs. Leur mission principale consiste à veiller à la défense des droits et à la protection des intérêts économiques, matériels et moraux des consommateurs. 

Les associations reconnues comme représentatives par l’État peuvent être associées à la prise des décisions concernant la protection des droits et intérêts du consommateur.

Sur le plan juridique, elles disposent de deux types d’actions :
L’action dans l’intérêt collectif : Les associations représentatives peuvent exercer les droits reconnus à la partie civile pour des faits portant un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif des consommateurs.

L’action en représentation conjointe : Lorsqu'au moins deux consommateurs ont subi des préjudices individuels causés par le même professionnel et ayant une origine commune, une association agréée peut agir en réparation en leur nom. Pour cela, chaque consommateur concerné doit donner un mandat écrit à l'association.

B. La Saisine de la Juridiction compétente

L'action en justice constitue le dernier recours si toutes les démarches précédentes ont échoué.

Quelle juridiction saisir ?
 
Tribunal de Première Instance : Cette juridiction est compétente pour toutes les affaires civiles et commerciales pour lesquelles la compétence n'est pas expressément attribuée à une autre juridiction.

Compétence territoriale : Le consommateur (demandeur) a le choix de saisir :
Le tribunal du domicile du professionnel (défendeur).

En matière commerciale, le tribunal du lieu où la marchandise a été ou devait être livrée, ou celui où le paiement a été ou devait être effectué.

En matière de responsabilité civile (contractuelle ou délictuelle), le tribunal du lieu où le fait dommageable s'est produit.

Comment saisir la justice ? La procédure varie selon le montant du litige :

Pour les litiges n'excédant pas 500 000 Francs CFA : L'instance peut être introduite par une simple requête déposée au greffe de la juridiction.

Pour les litiges supérieurs à 500 000 Francs CFA : La procédure standard est l'assignation, un acte délivré par un commissaire de justice qui convoque le professionnel à comparaître devant le tribunal.

IV. Conseils Pratiques pour maximiser les chances de succès

Pour faire valoir efficacement ses droits, le consommateur doit adopter certaines précautions essentielles. Il est primordial de conserver toutes les preuves d’achat et de communication, telles que les factures, bons de livraison, emballages, notices ou correspondances avec le vendeur. 

Il convient également d’agir rapidement, car toute réclamation ou action pour vices cachés doit être intentée dans un bref délai après la découverte du défaut. Il est par ailleurs déconseillé de procéder soi-même à des réparations avant d’avoir informé le vendeur et obtenu la constatation du problème, au risque de perdre le bénéfice de la garantie. 

De plus, il est préférable de privilégier les échanges écrits (courriel ou courrier recommandé), qui ont une valeur probante supérieure à une simple conversation orale. 

Enfin, en cas de désaccord technique sur l’origine d’une panne, le recours à un expert peut s’avérer nécessaire ; dans le cadre d’une garantie pour vices cachés, si l’acheteur conserve le bien, la réduction du prix sera alors fixée par des experts.

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